*Recherche* Le boom des applis santé pourrait-il booster la prévention ?
Dans le cadre de la chaire Prevent Horizon, des chercheurs du laboratoire HESPER ont mené une revue systématique des applis disponibles sur Google Play store en France dédiées à l’auto-gestion des maladies chroniques dans les 4 groupes de maladies les plus fréquentes et les plus fatales au monde, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : les maladies cardiovasculaires, le cancer, les maladies respiratoires et le diabète.
Dans le cas spécifique des maladies chroniques comme celles-ci, le traitement est surtout basé sur des mesures prises par le propre patient dans son quotidien, comme la prise des médicaments à la bonne heure et en accord avec la prescription du médecin, garder une diète appropriée, avoir une activité physique régulière, bien dormir, etc., pour maintenir ou améliorer la qualité de vie et éviter l’aggravement de la maladie. Dans ce contexte, et comme les personnes ont tendance à garder leurs téléphones portables avec eux tout le temps, les applis de santé ont le potentiel d’aider dans cette routine, parfois compliquée, principalement comme support à l’adoption de ces “bons comportements”, mais ces outils peuvent aussi servir comme support à l’éducation thérapeutique et même à la communication entre patient et professionnels de santé.
Pour cette étude, les applis ont été téléchargées et analysées en regard de l’existence des techniques d’incitation au changement de comportement (Behaviour Change Techniques, ou BCT, en anglais), et aussi la compréhensibilité de leur contenu et les actions suggérées à l’usager dans le cadre de leur condition médicale ont été évaluées avec un outil d’évaluation des matériaux d’éducation thérapeutique appelé Patient Education Material Assessment Tool (PEMAT), en anglais. L’étude est en train d’être finie et devra être soumise pour publication prochainement, mais ses constatations les plus importantes peuvent être avancées : ces applis en France et en français ne sont pas assez nombreuses et leur contenu, en général, ne peut pas être considéré comme compréhensible pour tous, et la majorité des applis évaluées n’avait aucune action de prévue. Le contenu des BCT était principalement composé, et plutôt restreint à, des comportements d’auto-monitoring, comme des journaux de glycémie ou de tension artérielle. Comme le montrent d’autres études faites à l’international, la majorité des applis de santé ne s’appuie pas sur des preuves scientifiques… La tendance de connectivité et d’utilisation de la m-santé ne fait qu’augmenter, mais il faut que son développement suive de bonnes pratiques basées sur des preuves, pour la validité du contenu médical d’une part, et d’autre part, également important, pour que le rôle de soutenir des actions bénéfiques pour la santé des usagers au quotidien soit efficace.