*Recherche* Assurance & Prévention: Expérimentation
Assurance et prévention : comment les individus font-ils leur arbitrage ?
Morgane Plantier – Doctorante de la Chaire Prevent’Horizon, Laboratoire SAF
La théorie classique en économie de l’assurance explique que les assureurs, ne pouvant observer toutes les caractéristiques et comportements des assurés (asymétrie d’information), font face à deux problèmes majeurs. Un problème de sélection des individus en fonction de leur niveau de risque d’une part (problème d’anti-sélection), et un problème d’incitation lié au fait que les individus les mieux assurés auront moins d’incitations à faire des efforts pour diminuer leur niveau de risque d’autre part (problème d’aléa moral).
Dans le contexte de la santé, ces deux arguments pointent ainsi du doigt la question de l’arbitrage individuel entre assurance santé et prévention, entre autres : Comment le niveau de risque des individus influence leur choix d’assurance ? Comment ce choix d’assurance influence leurs efforts pour diminuer leur niveau de risque ? De quelle nature est l’arbitrage entre ces deux décisions ? Ce sont autant de questions auxquelles il est difficile de répondre à partir de données d’enquête ou issues d’un portefeuille d’assurés, celles-ci ne contenant généralement pas les informations nécessaires pour comprendre les mécanismes de prise de décision des individus sous-jacents.
L’étude réalisée dans le cadre de la thèse de doctorat en économie de Morgane Plantier se propose de revenir sur la question de l’arbitrage individuel entre choix d’assurance et décision de prévention à partir de données expérimentales. L’approche expérimentale, qui consiste à placer les individus face à des choix concrets dans le cadre d’un environnement entièrement contrôlé (i.e. tous les éléments de l’environnement dans lequel sont prises les décisions sont observés), offre un accès rapide et simplifié à des données permettant de répondre à ces questions de recherche. L’expérimentation en laboratoire rend ainsi possible la comparaison entre les environnements, les institutions et les politiques incitatives afin d’en évaluer l’efficacité relative, sans avoir à subir les coûts sociaux et privés associés à leur mise en place. Enfin, elle permet également d’étudier des comportements qui sont difficiles à observer avec des données d’enquêtes (exemple : l’attitude vis-à-vis du risque).
La récolte des données expérimentales a débuté par une session pilote effectuée au mois d’octobre 2019, les sessions d’expérimentation débuteront en novembre 2019 et se poursuivront jusqu’à la fin de l’année 2019.