Market design et communication : prévention et dépistage

Détecter de façon précoce des maladies ou des facteurs de risque de maladie est une pratique de prévention qui peut améliorer le pronostic des maladies, et par conséquent les coûts pour les individus et la société. En France, plusieurs dépistages sont recommandés pour la population générale ou pour des populations spécifiques. Pourtant, actuellement, la participation aux dépistages recommandés est sous-optimale, ce qui limite les possibilités d’intervention précoce. « Mon Point Dépistage » est un programme de recherche interdisciplinaire qui vise à améliorer la participation aux dépistages via une plateforme numérique flexible qui offrira des recommandations adaptées à chaque individu en tenant compte de son profil de risques et sa localisation géographique, ainsi que ses caractéristiques individuelles, comme son niveau de littératie en santé, ses préférences communicationnelles et sa perception des risques. Cette plateforme sera disponible en plusieurs formats et localisations pour une meilleure accessibilité et fera l’objet d’un processus continu d’évaluation scientifique de son impact et d’amélioration de ses performances auprès de divers groupes d’usagers.

La faible participation aux dépistages recommandés à ce jour est en partie attribuable à un manque d’intégration et d’accessibilité d’informations fiables sur les différents dépistages recommandés. L’information concernant les dépistages est aujourd’hui disponible en ligne de façon fragmentée, et non évaluée en termes de pertinence et de niveau de preuve, d’accessibilité et d’impact sur la population. Il existe des programmes nationaux de dépistages organisés pour certains cancers, ainsi que des centres de dépistage pour certaines pathologies infectieuses. Cependant, la participation aux dépistages organisés des cancers est relativement faible et les dépistages individuels recommandés pour les pathologies non cancéreuses sont peu connus de la population. De plus, il existe de fortes inégalités sociales de santé concernant l’accès aux dépistages recommandés, notamment parmi les individus qui spontanément consultent peu les professionnels de santé. Enfin, la commercialisation sans ordonnance dans les pharmacies françaises depuis 2017 d’autotests de dépistages, dont la validité scientifique est incertaine, est devenue une source supplémentaire de confusion.

Une deuxième cause de cette faible participation est la manière insuffisamment personnalisée dont ces informations sont présentées aux individus. Des campagnes d’information pour le dépistage organisé des cancers sont régulièrement organisées pour sensibiliser les populations ciblées et les encourager à participer aux programmes de dépistages. Ces campagnes sont néanmoins standardisées, sans adaptation du contenu au profil des individus. Le Service Public d’information en santé devrait permettre de regrouper l’ensemble de l’information mais ne propose pas de messages personnalisés selon le profil de risques de chaque individu. Les outils numériques peuvent contribuer à diminuer les inégalités sociales de santé à condition de prendre en compte les caractéristiques individuelles, comme le profil sociodémographique, la litteratie en santé et les perceptions des risques, et d’encourager la participation des personnes socialement défavorisées. Ils permettent aussi la validation et l’amélioration continue des messages et des algorithmes d’adaptation par une démarche de co-création avec les usagers basée sur des données qualitatives et expérimentales.