Le marché de l’assurance reste un marché concurrentiel. Les assurés ont une liberté de choix qui leur permet de choisir leur contrat d’assurance optimal. Tout ceci fonde le caractère vertueux de la concurrence. Qu’en est-il pour ce qui concerne le marché de la prévention ? La réponse est en fait loin d’être évidente: Une des conditions indispensables au fonctionnement du marché de l’assurance tient en effet au fait que la couverture assurantielle peut être considéré comme un bien privé…. ce qui finalement est loin d’être le cas pour la prévention. Si on prend par exemple le cas de la vaccination, il est évident qu’il s’agit d’un bien public dans le sens où tout individu vacciné se protège en effet contre le risque de la maladie infectieuse associée, mais participe aussi à l’éradication de la maladie en limitant son caractère contagieux: la vaccination est d’abord un bien pour tous avant même d’être un bien pour soi.
En fait il serait erroné de considérer le caractère public de la prévention comme un avantage. A l’instar du sous-financement constamment observé d’un bien public, si tous les assureurs ont un intérêt collectif à ce que les assurés réduisent leur profil de risque par une politique de prévention efficace, chaque assureur, en raison du caractère public de la prévention, préfère laisser ses concurrents assurer la charge financière de la politique de prévention. En particulier, pourquoi améliorer le profil de risque de nos assurés si ceux-ci s’en vont chez les concurrents, qui bénéficient d’un profil de risque amélioré en évitant ainsi les coûts ? Cette question s’apparente à celle posée en économie du travail sur la formation des employés. La prévention s’apparente alors à la formation, l’assuré à l’employé et l’assurance à l’employeur. L’objectif ici est de construire un modèle assurantiel prenant en compte la prévention et la mobilité des assurés en s’inspirant des modèles de formation du capital humain comme le suggèrent les travaux de Acemoglu et Pischke (1999) ; Loewenstein et Speltzer (1998); Stevens (1996). Au cœur des conclusions attendues de ces travaux, se posera la question de la fidélisation des assurés et de la durée de vie d’un contrat d’assurance, soutenues par une politique de prévention.